Dépendance : les structures d'accompagnement en danger

mer 22/10/2014 - 14:06 , Mise à jour le 27/11/2020 à 05:53

En début d'après-midi ce mardi 21 octobre, une bonne cinquantaine de salariés s'est réunie devant les grille de la préfecture au Puy-en-Velay afin d'alerter les pouvoirs publics.
Le mouvement était national et des actions semblables ont eu lieu un peu partout sur le territoire hexagonal.
Les associations membres du collectif de l'aide à domicile UNA comptent environ 200 salariés en Haute-Loire, répartis dans différentes associations, et accompagne environ 2000 familles par an, que ce soit pour la garde d'enfants, le ménage, la préparation des repas, l'aide à la toilette ou encore l'accompagnement pour des déplacements extérieurs.

"Dans cinq ans, les associations vont mettre la clé sous la porte"
Alors que le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015 est en examen à l'assemblée Nationale, le collectif est particulièrement inquiet car les fonds de la CASA (Contribution Additionnelle de Solidarité pour l’Autonomie), soit 650 millions prélevés sur les retraites imposables, qui devaient initialement être alloués à l’accompagnement des personnes âgées, sont finalement affectés au Fonds de solidarité vieillesse.
De plus, les faillites et mises en redressement judiciaire se multiplient sur le territoire national et dans notre département, Garance Contassot, responsable qualité de l'UNA Haute-Loire, met en garde : "dans cinq ans, si rien n'est fait, les associations vont mettre la clé sous la porte".

Beaucoup de structures qui fonctionnent à perte
Mais cette inquiétude ne date pas d'hier car depuis 2009, les fédérations nationales ne cessent de tirer la sonnette d'alarme, car si les différents fonds de restructuration des services d’aide à domicile ont le mérite d’exister, "ils ne constituent pas de solution sérieuse et durable pour soutenir ce secteur", déplore l'UNA 43.
Les tarifs des heures d’aides à domicile s’avèrent inférieurs aux coûts de revient de beaucoup de structures d’aides à domicile, ce qui signifie que ces établissements fonctionnent à perte. "Des milliers d’emplois sont détruits et les salariés plongés dans l’incertitude", dénonce l'UNA 43, "en Haute-Loire et dans le Cantal, environ 750 salariés sont concernés". Rappelons par ailleurs que ces salariés sont déjà plongés dans une situation de profonde précarité, avec des salaires gelés depuis 2009, alors que la moitié environ sont déjà cantonnés au SMIC, comme nous l'évoquions en janvier dernier (lire).

----La campagne du Collectif de l’Aide à Domicile met en scène le Président de la République, le Premier Ministre et la Ministre des Affaires sociales, de la Santé et du Droit des femmes vieillis, et les questionne : « Et vous M. Hollande, qui s’occupera de vous ? ». Cette campagne de mobilisation est menée par neuf organisations du collectif de l’Aide à Domicile. Ensemble elles interviennent auprès de 2 millions de bénéficiaires et emploient plus de 220.000 salariés.
-----Les cinq propositions de l'UNA
Face à cette situtation jugée "urgente", l'UNA fait cinq propositions, "en prennant en compte la qualité de vie des personnes âgées, le professionnalisme des structures, et les conditions de travail des salariés". D'abord d'utiliser la CASA en faveur de l'aide à l'autonomie des personnes âgées et handicapées et non pas pour le Fonds de solidarité vieillesse. Ensuite revaloriser les tarifs et les contenus des plans d'aide APA (Allocation personnalisée d'autonmie) et PCH (Prestation de compensation du handicap) et des plans d'aide personnalisé CARSAT. L'UNA demande aussi de faire évoluer le fonds d'urgence des structures d'aide à domicile en fonds de garantie et d'investissement.
En quatrième lieu, il est proposé de clarifier les missions des services relevant du régime de l'autorisation et celles relevant du régime de l'agrément "en y associant un mode de tarification cohérent", c'est à dire qui reconnaisse les coûts de revient des interventions. Enfin, il est demandé d'agréer les accords visant à augmenter la valeur du point et à augmenter également les taux de remboursement des frais professionnels de déplacement et de trajet.

A l'horizon 2030, + 36 % de personnes dépendantes en Haute-Loire
L'accompagnement des personnes âgées dépendantes va devenir un enjeu sociétal majeur : en Auvergne, la population âgée ne pouvant effectuer seule tous les actes de la vie quotidienne devrait progresser de 18 % à 37 % entre 2010 et 2030 selon une estimation de l'Insee Auvergne de juin 2012. Selon cette même estimation, en Haute-Loire, les personnes dépendantes seraient plus nombreuses de 36 % à l'horizon 2030, soit 2 200 personnes de plus à accompagner, ce qui nécessiterait alors 1 600 emplois, soit 640 de plus qu'aujourd'hui pour prendre en charge la dépendance à domicile.
L'UNA martèle alors en guise de conclusion : "il est indispensable de reconnaitre les coûts de revient des interventions et de valoriser les métiers de l'aide et de l'accompagnement à domicile. Ce sont des métiers nobles qui permettent aux personnes âgées et aux personnes handicapées de rester, selon leur choix, le plus longtemps à domicile. Sans nos salariés, sans nos associations, ces personnes seraient seules, ne verraient personne de toute la journée, et ne pourraient de fait, rester chez elles, à leur domicile".

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