De l'attente et des craintes pour la famille Azemi

, Mise à jour le 27/11/2020 à 08:42

Albert Azemi, 27 ans, est arrivé en France en 2013 en provenance du Kosovo. Avec sa femme, Melvide, ils ont quitté un train de vie aisé pour pouvoir se marier loin du pays où certaines familles choisissent encore les conjoints de leurs enfants. Aujourd'hui, Albert et Melvide ont deux filles : Loena, 3 ans et Jara, 18 mois. Ils habitent au village de Lantriac. Albert est passionné de football, Melvide est douée en dessin et leurs petites filles vont à l'école comme tous les enfants de leur âge. Une famille normale en apparence. Seulement, à défaut de la nationalité française, la famille Azémi est sous la menace d'une expulsion.
60 personnes impliquées
Le quotidien de la famille Azemi n'est pas chose aisée. Deux fois par semaine, Albert et les siens doivent pointer à la gendarmerie de Saint-Julien Chapteuil pour attester de leur présence sur le territoire altiligérien. Leur assignation à résidence leur interdit de quitter le département. Albert n'a pas les moyens de se déplacer seul. Heureusement, la famille peut compter sur la sympathie et la solidarité des 60 membres du comité de soutien de Lantriac. « Tous les membres du comité s'investissent pour les aider d'une façon ou d'une autre » explique Marcel Venet, membre du comité. « Que ce soit sur le plan juridique ou au niveau du transport» ajoute-t-il.
« Ils vont facilement vers les gens »
Pour Jacqueline Venet, membre du comité de soutien, la sympathie que les habitants témoignent à l'égard de la famille Azemi est le fruit des efforts que fait cette dernière pour s'intégrer dans la société française. « A son arrivée en 2013, Albert ne parlait évidemment pas Français. » raconte Jacqueline Venet. A force de pratique et de cours de Français, Albert sait désormais s'exprimer dans la langue de Molière. D'autant plus que Albert et sa femme sont tous les deux impliqués dans la vie associative de Lantriac. « Je suis inscrit au club de football de Lantriac et je suis membre de l'association des parents d'élèves de l'école de nos filles » raconte le père de famille. « Ma femme parle français également mais est un peu plus réservée. Elle est très occupée avec nos deux filles ». Melvide est bénévole à la bibliothèque municipale de Lantriac. « Elle est douée en dessin. La bibliothèque lui a d'ailleurs proposé de réaliser une décoration » s'enthousiasme Jacqueline Venet. « De plus ils vont facilement vers les gens » insiste-t-elle.
275 signatures pour une pétition
Leurs efforts ont d'autant plus été récompensés par les 275 signatures récoltées pour une pétition de soutien. Autant de signatures en l'espace de deux jours seulement. “Tout le monde nous soutient” raconte Albert. “Le personnel de l'école et les licenciés du club de foot également”. Récemment, la famille Azémi a dû remettre à la préfecture, un formulaire qui autorise leur expulsion du territoire “Ce fût un moment difficile” raconte Jacqueline Venet “Mais c'est la loi. Et Albert et sa femme respectent la loi”.
Bac +3 en économie-gestion-informatique
Preuve supplémentaire de l'intégration de la famille Azemi au sein de son village, Albert dispose d'une promesse d'embauche de la part d'une entreprise de travaux publics basée dans le bassin ponot. Au Kosovo, Albert a fait des études et possède aujourd'hui un bac+3 en économie-gestion-informatique. Malgré ce niveau respectable, celui qui était, jusqu'en juillet 2015, au CADA du Chambon-sur-Lignon, ne demande qu'à travailler. “Au Kosovo je m'occupais de la gestion des stocks dans les magasins. J'aimais faire ça. Ce travail me plairait encore aujourd'hui”.
Une vie tranquille
Le quotidien est tourmenté pour la famille Kosovor. Il l'est d'autant plus pour les deux petites filles du jeune couple. L'ainée est née à Clermont-Ferrand et la dernière au Puy-en-Velay. “Elles ressentent notre angoisse et vivent avec. Elles n'ont pas le temps de s'amuser” regrette le père de famille. Albert et sa femme ont choisi la France pour ses valeurs “La laïcité est importante pour nous”. Au-delà de l'attente et des craintes, la famille Azemi aspire à une vie tranquille en tant que citoyen français dans le pays des droits de l'homme.

V.B.

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